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Recension no. 3 - DIPLOMATES EN PÉRIL ? Suivi de Chroniques peu diplomatiques

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Recension no. 3 - DIPLOMATES EN PÉRIL ? Suivi de Chroniques peu diplomatiques  Empty Recension no. 3 - DIPLOMATES EN PÉRIL ? Suivi de Chroniques peu diplomatiques

Message par jean-yves dionne Dim 3 Déc 2023 - 8:34

par François LaRochelle

Ancien diplomate canadien
Analyste en politique internationale
Fellow de l'Institut d’études internationales de Montréal
 (UQÀM)


Recension no. 3 - DIPLOMATES EN PÉRIL ? Suivi de Chroniques peu diplomatiques  Image?url=https%3A%2F%2Fimages.leslibraires.ca%2Fbooks%2F9782897754662%2Ffront%2F9782897754662_large

“Le Canada est de retour” annonçait fièrement Justin Trudeau alors qu’il venait d’être élu une première fois en 2015. Depuis, il est clair que ce n’était qu’un slogan. Notre échec en 2020 pour obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies en est la plus récente illustration. Seule notre participation aux G-7 et G-20 nous permet de rester faiblement sur l’écran radar mondial.

Le substantiel et éloquent essai écrit par Jean-Yves Dionne et Lucie Tremblay Diplomates en péril ? arrive au bon moment car il décortique les raisons qui minent l’influence de la diplomatie canadienne et explique pourquoi le Canada ne joue plus le rôle qu’il avait auparavant.

Beaucoup de livres ont été publiés sur les tenants et aboutissants de la diplomatie. Certains portent sur la théorie de la pratique diplomatique et visent un public universitaire, d’autres sont des mémoires de diplomates sur leurs années de service et intéressent les praticiens, les historiens et des lecteurs qui suivent les questions internationales.

Ce qui est particulier et original dans celui des Dionne-Tremblay c’est qu’il couvre ces deux aspects dans une perspective canadienne, se basant sur leur expérience d’anciens diplomates.

Dans la première partie, les auteurs dressent un portrait fort complet du système diplomatique canadien. Il décrit son histoire, traite de ses particularités dans un contexte fédéral, donne des détails sur le recrutement et le profil des agents du service extérieur. Il élabore sur leur formation, missions et tâches, leurs outils de travail. Ils soulignent leur professionnalisme, dans le contexte d’une évolution rapide de ce métier.

Fort de son expertise en relations industrielles, M. Dionne souligne le rôle moteur de la syndicalisation des agents du service extérieur. De ses luttes et acquis pour ses membres.

Le propos des auteurs établit un diagnostic : la diplomatie canadienne a du plomb dans l’aile et c’est en grande partie suite au lent détricotage de son service extérieur. De ses valeurs et de sa composition. Il décrit en particulier comment les méthodes actuelles de son recrutement remettent en question sa pertinence et son avenir.

Découlant des coupures budgétaires à répétition, les gouvernements successifs à Ottawa ont graduellement dévalué les conditions de vie à l’étranger des agents du service extérieur tant personnelles que professionnelles.

À Ottawa, on constate un effritement de l’influence des fonctionnaires expérimentés ou spécialistes des Affaires étrangères, au dépend des cabinets de lobbyistes et des attachés politiques. Les gouvernements récents ont multiplié les nominations politiques à la tête d’ambassades importantes au lieu de diplomates de carrière.

Tous ces paradigmes contribuent à diminuer l’influence d’Affaires mondiales Canada (AMC) au sein de l’appareil gouvernemental fédéral et à saper le moral d’un groupe de serviteurs de l’État qui faisait jadis l’envie de leurs collègues étrangers. Les auteurs portent donc, avec raison, un regard fort critique sur la gestion des diplomates au sein de AMC. Ils posent les questions qui choquent. Leur analyse est incisive et bien documentée.

Mais heureusement ils ne s’arrêtent pas là. Ils font des propositions concrètes pour renouveler la politique étrangère canadienne.  Elle passe, selon eux, par un net coup de barre pour reconnaitre la place essentielle que les diplomates y jouent pour l’élaborer et la mettre en place pour l’intérêt de tous les Canadiens. Et que cette contribution soit reconnue à sa juste valeur dans l’appareil gouvernemental. Notamment par une reconnaissance de son rôle dans une approche multilatérale pour faire face aux défis contemporains : que ce soit les changements climatiques ou la lutte contre le terrorisme par exemple. Sans oublier ceux qui œuvrent au développement et au commerce.

La seconde partie du livre, Chroniques peu diplomatiques, décrit des tranches de vie de la famille Dionne-Tremblay dans diverses affectations, sur plusieurs continents. Anecdotes bien sûr mais aussi une description de la vie d’une famille dans le service étranger souvent dans des situations difficiles et stressantes. Elle nous familiarise avec le travail du diplomate commercial sur le terrain, que ce soit de promouvoir des produits et services canadiens mais surtout d’ouvrir de nouveaux marchés pour nos exportateurs ou d’attirer de nouveaux investissements étrangers.

Pour le lecteur qui s’intéresse à la profession de diplomate, le contenu de la deuxième partie du livre dresse un portrait de ses activités professionnelles qui n’est pas la caricature que l’on en fait parfois d’un coureur de cocktails, passant son temps au bord de la piscine un verre de champagne à la main et des petits fours dans l’autre. Il met en perspective ce que c’est de vivre de longues années loin de ses proches au Canada et de travailler dans un environnement totalement différent de celui que l’on connait chez nous.

Au-delà de la réflexion sur la régression de la diplomatie canadienne le livre incite à d’autres questionnements existentiels : À quoi sert un diplomate à l’étranger en 2021 alors que la récente pandémie a encouragé l’utilisation d’outils virtuels comme les visioconférences pour faire des négociations internationales ? Qu’elle en est sa valeur ajoutée ? A-t-il encore un rôle à jouer dans un monde où le multilatéralisme semble en perte de vitesse ?

Diplomates péril ? brosse un tableau exhaustif de la réalité de notre diplomatie actuelle. Il est un appel au renforcement de la politique étrangère canadienne à travers notamment une mise à niveau de son principal instrument pour la mettre en application, son service étranger.

Sa lecture stimulera ceux qui s’intéressent au rôle du Canada sur la scène internationale et à ses praticiens. Mais il devrait aussi résonner auprès de nos dirigeants qui y trouveront une inspiration pour relever le niveau de notre diplomatie. Elle le mérite. Pour qu’enfin le Canada soit vraiment de retour !


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